Sainte-Livrade-sur-Lot (47110)
Nouvel Jean Seigneur François Baltera Roland
privé
1970
1946-1975
140 m2
La maison oblique de Sainte-Livrade-sur-Lot est l’un des premiers projets de Jean Nouvel et son unique réalisation en Lot-et-Garonne, département dont il est natif. Cette maison individuelle (dite maison Delbigot, en référence au nom des commanditaires) construite entre 1970 et 1973, est le fruit d’une collaboration avec les architectes François Seigneur et Roland Baltera. Béton brut, murs, toitures, sols et baies plus ou moins inclinés composent, au sein d’une zone pavillonnaire, une villa atypique inspirée des théories de Claude Parent.
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En 1970, Jean Nouvel fonde sa première agence d’architecture avec François Seigneur. Depuis 3 ans, il travaille chez Claude Parent dont il est devenu l’assistant. Architecte et théoricien, Claude Parent est connu pour avoir défini, dans les années 1960, avec le philosophe et urbaniste Paul Virilio le concept de fonction oblique qui prône : "la fin de la verticale comme axe d'élévation, la fin de l'horizontale comme plan permanent, ceci au bénéfice de l'axe oblique et du plan incliné". La maison Delbigot, une des premières œuvres de Jean Nouvel, porte la trace de l’influence de Parent.
Installée sur une parcelle de 2057 m2, la maison s’articule autour d’un jeu de diagonales et de pans inclinés. Depuis l’extérieur, elle fait bloc et semble semi-enterrée, cependant les pans de toitures obliques procurent une sensation de dynamisme. Deux rampes descendantes permettent d’accéder à l’intérieur : un plain-pied de 140 m2 organisé autour de 5 pièces. Une première rampe donne sur un hall d’entrée, une seconde permet l’accès, en voiture, au garage.
Les murs penchés, le sol incliné et les variations des pans de toiture permettent de disposer les pièces sur différents niveaux et d’offrir des hauteurs de plafond pouvant atteindre jusqu’à 5 m de haut dans le séjour. Ces grandes hauteurs et les baies vitrée en biais apportent de la luminosité notamment sur la façade arrière, au sud, ouverte sur le jardin. A l’origine, la maison ne comportait pas de volets mais des stores intérieurs métalliques à lames orientables.
A l’ouest, on trouve la partie nuit, qui comprend 2 grandes chambres et 1 salle de bain centrale. La cuisine, de taille modeste, donne sur l’entrée (côté nord celui de la rue). La grande pièce à vivre, le volume central, combine les fonctions de salle à manger, séjour et bibliothèque. Initialement une cheminée prenait place à proximité du coin repas. L’aménagement intérieur avait été confié François Seigneur et la mise en couleur de certains espaces, peut-être pour contrebalancer la dominante grise des murs en béton, à l’artiste peintre Andrée Bellaguet.
En 50 ans, la maison a connu trois propriétaires. Les deux propriétaires qui ont succédé aux commanditaires, ont procédé à des modifications afin d’adapter la maison, initialement conçu pour un couple, à leur mode de vie. La cheminée a été supprimée. Le garage, attenant à la cuisine et au cellier, est devenu une salle à manger et une extension a été construite dans son prolongement. Malgré ces transformations la maison Delbigot n’en demeure pas moins un témoignage, unique en Lot-et-Garonne, d'une vie quotidienne placée sous le signe de l'oblique.