Agen (47000)
122 boulevard Carnot
Ecole bordelaise Courtois Adrien Lajus Pierre Sadirac Michel Salier Yves
1968
1946-1975
Avec la construction de nouveaux bureaux en centre-ville d’Agen, en 1968, la Caisse Régionale du Crédit Agricole Mutuel de Lot-et-Garonne entend révolutionner l’image des organismes bancaires et créer la "banque de l’an 2000". Conçu pour accueillir un nouvel ordinateur IBM, le projet propose même à l’origine un "drive bancaire" pour éviter l’attente aux guichets. Cette modernité dans l’offre de service s’accompagne d’un geste architectural assez audacieux dans le contexte du centre ancien agenais. Les architectes Salier, Courtois, Lajus et Sadirac, de l’école bordelaise, conçoivent un immeuble-barre, long de 50 mètres, qui se caractérise par une façade alvéolaire en béton et verre.
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L’immeuble est construit à l’emplacement d’un immeuble ancien au 106 boulevard Carnot. Son édification, et notamment l’exploitation optimisée du sous-sol, a nécessité au préalable la dérivation par les services municipaux d’un égout lié à la canalisation du ruisseau de la Masse.
L’ensemble a été réalisée en 2 tranches notamment pour permettre le transfert des bureaux existants situés au 106 dans la 1re tranche. Distribués sur près de 2 000 m2 utiles et 4 étages, cette " banque de l’an 2000 " comprend :
La structure porteuse en béton créé l’identité architecturale du bâtiment, tout en répondant à ses exigences techniques et constructives. Les façades affichent une modernité radicale. Elles s’apparentent à celles du GILG du Médoc, construit en 1966 car elles sont rythmées par des éléments porteurs constitués de caissons préfabriqués qui reposent sur une longue poutre. Ces éléments composent une modénature alvéolaire, basée sur le rythme entre meneaux de 1.20 mètre ; ils participent à l’aspect "brutaliste" de l’édifice.
Sur le pignon, la façade présente un exemple de mur-rideau, avec une composition d’éléments menuisés en verre et aluminium. Les locaux sont répartis de part et d’autre d’une imposante tour-cage d’escalier qui distribue chaque niveau, et répond aux nécessités de création de sorties de secours. Elle accueille ainsi l’ascenseur, l’escalier protégé par des portes coupe-feu et des blocs de sanitaires.
Les bureaux, conçus quasiment en "open space", sont éclairés par une lumière zénithale et des vitrages en bandeau. L’effet horizontal est accentué à l’intérieur, par des poutres traversantes de couleur foncée.
Le rez-de-chaussée présente des murs pleins, avec un léger fruit, revêtus d’un appareillage de dalles de gravillons lavés et surmontés d’impostes vitrées filantes. Les sols de l’agence bancaire sont en pierre de travertin. Seule la hauteur globale du bâtiment témoigne de son intégration dans le prospect du boulevard néo-classique et dans la continuité du front bâti urbain.
L’esthétique sans concession de ce bâtiment témoigne du refus d’un quelconque pastiche et démontre que les procédés constructifs peuvent créer un nouveau vocabulaire architectural. Compte tenu de la surface supérieure à 2000 m2, le permis a été délivré en février 1968 par l’administration centrale du Ministère de l’équipement (Direction de l’aménagement foncier et de l’urbanisme). Une dernière surélévation est réalisée dans les années 70.
Le Crédit Agricole ne conserve aujourd’hui sur le site Carnot qu’une agence bancaire. Il a, par ailleurs, fait construire sur la commune de Boé, dans les années 1980, le vaste siège de la caisse régionale par l’ architecte Jean-Claude Donnadieu.