Le Passage d'Agen(47 520)
Place Sainte Jehanne de France
Pompey Jacques
Diocèse
1965
1946-1975
Inscription de la totalité de l’église avec son clocher isolé et son patio à l’inventaire des Monuments Historiques (arrêté du 01/02/2001)
Dans la périphérie pavillonnaire du Passage d’Agen, l’ensemble composé de l’église Sainte Jehanne de France, son clocher et sa salle paroissiale participe au milieu des années 60 à la création d’un nouveau quartier d’habitat collectif. Œuvre résolument moderne de l’architecte Jacques Pompey, l’édifice emprunte au minimalisme par sa matérialité austère et son dépouillement. Il témoigne aussi de la collaboration fructueuse avec l’artiste Jacques Bringuier et le sculpteur André Bourreau.
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L’édifice rectangulaire s’inscrit dans une composition urbaine en forme de U dont les 2 ailes sont occupées par des immeubles d’habitat collectif. L’église est dédiée à Jeanne de France, fille de Louis XI, répudiée par Louis XII et fondatrice de l’ordre des annonciades. Une allée flanquée de cèdres met en scène l’arrivée sur le porche de l’église. En retour, cette perspective file jusqu’au coteaux de Garonne pour mettre en relation l’église avec l’hôpital de la Candélie (autre projet de Jacques Pompey).
Un portique porté par une colonnade de poteaux relie l’église d’un côté à un clocher-campanile isolé et de l’autre à sa salle paroissiale, par l’intermédiaire d’un patio, donnant sur la place. La façade principale, côté est, présente, sur son pignon triangulaire, un décor composé d’un appareillage de lits de pierre grossièrement équarries, ponctué d’éléments en bossage.Un bas-relief en bronze évoque la vie de Sainte Jehanne.Les vantaux de la porte ainsi que ses poignées formant bénitier présentent un intéressant travail de serrurerie en bronze.
La façade sud est composée de voiles et de refends en béton, dont le quadrillage accueille un assemblage de dalles de verres éclatés colorés. Ces éléments vitrés semblent évoquer les lignes d’un paysage à l’horizon. Ils ont été réalisés par le père Ephrem.
La façade nord présente un bandeau de vitraux en imposte qui est visible depuis le patio. A l’intérieur de l’édifice, l’ensemble des maçonneries (entreprise Albani) en béton a été sablé, rendant visibles les traces de coffrage en bois.
La charpente en bois (entreprise Cahours) laisse apparaître la sous face en lambris et les chevrons qui sont soutenus par des contrefiches disposées en parapluie. Une crypte mais aussi une tribune qui accueille des orgues sont accessibles par un escalier préfabriqué en béton.
Le décor intérieur se compose essentiellement d’une fresque représentant un chemin de croix fixé en entaille sur la face nord de la salle, d’un sol de pierres calcaire en opus incertum dont le calepinage compose à l’entrée de l’église un motif circulaire de labyrinthe ; ce type de motif représente la symbolique du dédale crétois (référence au mythe du Minotaure), du « méandre », ou du « chemin de Jérusalem ». Le centre du motif labyrinthique est nommé paradis ou « encore Jérusalem céleste ».
Le sol de l’église descend en pente douce vers l’autel mis en valeur par des emmarchements en pierre. Le chœur est volontairement dépouillé de tout ornement : un simple autel en granit de Sidobre laissé brut et une grande croix en lamellé-collé portant un christ, attribuée au sculpteur André Bourreau. Le confessionnal, résolument moderne, est rendu visible aux yeux de tous ; par un conduit en forme de croix, le paroissien reçoit la confession du prêtre.
Le clocher-campanile, culminant à une hauteur de plus de 30 mètres, est porté par une structure évidée en panneaux de béton. Le carillon de 5 cloches doit son bourdon à la cathédrale d’Alger.
La galerie soutenue par des poteaux canelés conduit au patio de la salle paroissiale qui a été construite plus tardivement en 1979. La façade principale de cette salle présente une alternance rythmée de voiles et de refends en béton.
L’artiste Jacques Bringuier, né en 1925, a réalisé le bas-relief en bronze situé dans la galerie ainsi que la fresque intérieure. Contemporain de Jacques Pompey, cet ancien élève de l’atelier du peintre Nicolas Untersteller, et de l’atelier de fresques du peintre Ducos-Delahaille, collaborera avec l’architecte pour 2 autres opérations agenaises : la peinture murale de l’hôpital de la Candélie et les fresques de la chapelle de l’institution Notre Dame.
L’église a été consacrée le 25 mai 1965 par l’évêque Roger Johan.
Par ces choix de matérialité assez brute (béton et bois) et son dépouillement, cette œuvre architecturale emprunte au registre stylistique du mouvement moderne et minimaliste.