Agen (47000)
3 place de Verdun
Courrau Albert Hennebique François
1908
1900-1930
Label XX
Utilisant un style académique, l’architecte Albert Courrau inscrit le volume majestueux du bâtiment des archives départementales de Lot-et-Garonne dans l’angle de la place du Grand séminaire (actuelle place de Verdun) au moment où Léopold Payen engage de son côté la réhabilitation de la préfecture dont les bâtiments ont été gravement endommagés par l’incendie de 1904. Derrière une façade néo-classique, l’édifice cache une structure révolutionnaire pour le début du 20e siècle alliant béton armé et fonte.
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La création des archives départementales est contemporaine de la révolution : elle correspond à la volonté de conserver tout d’abord les papiers de l’Ancien Régime, puis les dossiers de l’administration présentant un intérêt historique, et plus récemment pour recueillir les archives familiales, d’associations et d’entreprises.
Les archives départementales de Lot-et-Garonne étaient déposées dans les dépendances de la Préfecture d’Agen depuis 1810, qui ont été démolies à la suite de l’incendie qui ravagea le site en 1904. Il est décidé de les transférer dans de nouveaux locaux dont la construction est confiée à l’architecte Albert Courrau, à qui l’on doit sur Agen l’hôtel des postes et le magasin des nouvelles galeries ainsi que dans le département de nombreuses églises et édifices publics (hôtel de ville et théâtre de Mézin, hôtel de ville d’Astaffort, nouvelles églises de Bruch, Libos ou Puch).
A l’extérieur, comme dans les parties intérieures accessibles au public, l’architecte a adopté un style académique. L’ensemble des façades est divisé en 2 niveaux par une corniche saillante et couronnée par un entablement et une balustrade qui cachent un toit-terrasse. La compacité de ce volume confère au bâtiment un aspect monumental tout en dégageant, par le recours à un toit-terrasse, l’environnement préfectoral.
La monumentalisation de façade principale est quant à elle créée par la présence d’un léger avant-corps central, décoré d’un balcon. Celui-ci est encadré de chaque côté de doubles pilastres, eux-mêmes couronnés d’un fronton présentant les armes des quatre principales villes du département (Agen, Marmande, Villeneuve sur Lot et Nérac).
A l’instar de l’église Saint Catherine de Villeneuve sur Lot, Albert Courrau renforce l’allure de son bâtiment par la mise en œuvre d’une maçonnerie mixte (pierres de taille, briques comprimées et moellons).
A l’intérieur, la majesté des lieux marque le visiteur :
Mais sous cette écriture néo-classique, se dissimule un bâtiment dont les capacités structurelles sont très novatrices. En effet, la conservation des archives engendre des contraintes de poids et de volume qui ont conduit depuis le milieu du 19° siècle l’administration et les architectes à des innovations techniques. Pour ce projet d’Agen, l’architecte, appuyé par le bureau d’études de l’ingénieur François Hennebique, a exploité et combiné les performances structurelles du béton et de la fonte.
Résistance au feu et économie du béton : à l’inverse du métal, beaucoup utilisé pour les dépôts et les bibliothèques, le béton a l’avantage de résister au feu. Des éléments de mince épaisseur sont utilisés à la fois pour la structure du bâtiment mais aussi pour les montants des rayonnages.
Malléabilité de la fonte : ce métal est employé sous forme de caillebotis afin de faire pénétrer la lumière aux différents niveaux.
Cette ambivalence, entre extérieur et intérieur, se poursuit dans le jeu des niveaux. En effet, si en apparence, le bâtiment semble, de l’extérieur, n’avoir que 2 niveaux, en réalité, à l’intérieur il en compte 4. Les baies cintrées qui rythment les façades sont coupées en 2 par un linteau qui cache un plancher intermédiaire.
Comme le souligne Franck Delorme, dans un article paru dans la revue Le Festin (n° 86) : « un bâtiment peut en cacher un autre » et le choix stylistique finalement assez convenu de Courrau cache une « technique savante » au service des problématiques de stockage. Avec cette prouesse, il réussit en 1908 l’exploit de concevoir un édifice capable d’accueillir un linéaire de 7 kilomètres d’archives.
Aujourd’hui, ce procédé constitue cependant une réelle limite technique face à l’augmentation constante des volumes à archiver. Contrairement à un bâtiment dont les planchers auraient été des plateaux libres permettant d’accueillir d’autres dispositifs de stockage (armoires sur rails), ici les rayonnages fixes ne peuvent être déplacés car ils supportent les charges. La conception de la structure porteuse est tellement « rigide » qu’un éventuel recyclage de l’édifice pour accueillir d’autres fonctions est difficile à envisager en raison des coûts que représenterait un « désossage » complet de ses éléments porteurs.
Un logement de fonction a été construit dans les années 50-60 sur le toit-terrasse d’après les plans de Jean Payen, architecte départemental.
Projets de Courrau à Bordeaux : immeuble de rapport pour le baron Pichon-Longueville, église des passionnistes, usine de pâtes alimentaires Garrès.
Ressources complémentaires / Base Mérimée - Ministère de la Culture et de la Communication
Visite virtuelle des archives départementales de Lot-et-Garonne