Nérac (47600)
Boulevard Pierre de Coubertin
Pompey Jacques
Ministère de l’éducation nationale
1960
1946-1975
Les Trente Glorieuses s’accompagnent d’une explosion démographique qui entraine une intense demande de logements et d’équipements publics. Au début des années 60, la ville de Nérac se dote d’une cité scolaire, comprenant un collège et un lycée. L’architecte Jacques Pompey, associé à l’entreprise de travaux publics Delbigot (Sainte-Livrade-sur-Lot), est lauréat du concours conception-construction organisé par le Ministère de l’éducation nationale. Le recours à la préfabrication et l’utilisation du béton permettent de construire en quelques mois l'établissement scolaire.
En savoir +
Le lycée est implanté au nord de la ville sur un terrain, donné par la commune à l’Etat, situé sur un axe passant en direction de Lavardac. Il s’installe aux côtés d’un parc des sports (complexe sportif de plein air comprenant stade, piscine...) et d’un lotissement concerté « la Cité des Castors » dont la construction a précédé celle du lycée.
Le lycée se compose de plusieurs bâtiments indépendants (externat, internat, administration, cantine-lingerie) organisés autour d’une cour centrale arborée. La conception est limitée puisqu’elle est définie par une circulaire de 1952 du Ministère de l’éducation nationale. Une norme stricte est imposée : une trame unique de 1,75 m de côté, aussi bien en élévation qu’en plan. Il s’agit de produire rapidement, de façon systématique et standardisée. Chaque bâtiment du lycée, en forme de barre à toit-terrasse, est conçu selon cette norme.
La construction est rapide, en raison de la préfabrication des éléments (poteaux-poutres, panneaux), mais pas seulement. Les panneaux en béton sont coulés sont place, une « usine » est installée in situ dans la (future) cour de récréation. Les coûts de transport sont réduits, la fabrication accélérée. Les panneaux sont recouverts de petits carreaux de mosaïque bleue dont il reste encore quelques traces. En fonction de leur destination les bâtiments s’élèvent sur deux, trois ou quatre étages.
Quatre œuvres ; des peintures de Pierre Théron (aujourd'hui détruite) et Pierre Raffi, une sculpture de Vadim Androusov et une lave émaillée de Pierre Saint-Paul sont réalisées grâce au 1% artistique. Cette disposition qui institue la création d’œuvres d’artistes-plasticiens contemporains associés à la création architecturale publique, est mise en place par un arrêté de 1951 dans le cadre de l’Éducation nationale. 1% des dépenses de construction du lycée sont donc consacrées à sa décoration.
A partir de 1997, 3 cabinets d’architectes interviennent sur le site. Stéphane Husson et Patricia Tarozzi créent un préau qui relie les bâtiments d’externat et la cantine. Geneviève Robert aménage dans un petit bâtiment, en retrait de l’externat, une salle de théâtre indiquée par un mur paré d’un revêtement rouge.
La construction d’un rond-point ayant « décalée » l’entrée du lycée vers le stade André Duprat, l’intervention en 2010 de Denis Pompey (fils de Jacques Pompey) et Patrick Tedo s’attache à redonner une cohérence à l’ensemble. Le bâtiment de l’administration « s’arrondit », il reçoit une extension, composée d’un cylindre et d’un quadrilatère, qui repositionne l’entrée côté boulevard Pierre de Coubertin. A cela s’ajoutent des travaux de mises en accessibilité de l’établissement, de rénovation de façades et de restructuration de l’internat (redimensionnement de certaines classes).
Dans son livre « 120 histoires d’architecture », Jacques Pompey (né en 1925), relate entre autres l’inauguration du lycée « ou comment quelques élèves impertinents ont détourné l’œuvre d’un artiste sculpteur ». Entre les années 50 et les années 2000, il fut un grand bâtisseur. Lauréat du concours conception-construction organisé par le Ministère l’éducation nationale, il est l’auteur de nombreux établissements scolaires (lycées à Lectoure (Gers), Fumel – lycée agricole de Nérac…). Au cours des années 60-70, il réalise à Agen, la sécurité sociale (place A. Fallières), l’ensemble d’immeubles Ilot 5 (face à la Poste boulevard Carnot), la CAF, le marché gare, les cliniques Esquirol et Saint Hilaire, le Centre hospitalier de la Candélie… De 1960 à 1965, il édifie l’église Sainte-Jehanne au Passage d’Agen, classée depuis Monument Historique.