Agen (47000)
Rue du Duc d’Orléans
AMP architecture Thouin Stéphane
Ville d’Agen
2017
Depuis 2000
Au pied du pont canal, à proximité de la prairie des bords de Garonne et du skate-park, le café vélo représente un nouvel équipement, crée par la ville d’Agen, à vocation récréative et touristique. Au sein d’une ancienne usine des eaux, construite en 1875, le programme de réhabilitation propose une halte café et restauration rapide, un atelier de réparation de cycles et des chambres d’étape pour les vélo-touristes empruntant la voie verte cyclable, parallèle au canal latéral à la Garonne. Il représente un exemple pertinent de recyclage de bâtiment industriel.
Le long d’un parcours ponctué au sud par l’aménagement du parc Passeligne-Pélissier dans d’anciennes gravières puis par une séquence d’aménagement des berges d’Agen, cette opération s’inscrit comme le point d’orgue d’une offre d’itinérances pédestre ou cyclable sur l’agglomération d’Agen.
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Le café-vélo prend place dans l’ancienne usine des eaux construite en 1875, au pied du pont-canal.
Cette ancienne station de pompage est constituée d’un rez-de-chaussée auquel on accède depuis l’esplanade haute. Cet étage est constitué principalement par une coursive surplombant le niveau inférieur qui permettait de contrôler le bon fonctionnement des machines en sous-sol. Le bâtiment est également constitué de 3 sous-sols. Le 1er sous-sol accueillait la machinerie des pompes et du traitement des eaux pompées ; le 2ème et le 3ème sous-sols correspondaient aux galeries d’amenée des eaux. La construction d’origine représentait un volume carré coiffé par une toiture à deux pentes en ardoise, soutenue par des fermes métalliques de type « Polonceau », dont la caractéristique est d’être à double poinçon disposé en V renversé.
Ce type de ferme est à arbalétriers, jambettes ou bielles et tirants articulés. Il s’agit d’un système économique, combinant légèreté et résistance. Elle utilise dans le cas d’espèce la fonte pour les jambettes ou bielles, du fer forgé pour les tirants et de l’acier, pour les arbalétriers. A noter que la première utilisation importante de la « ferme Polonceau » sera faite pour la construction des halles de la gare Saint-Lazare entre 1846 et 1848.Camille Polonceau, ingénieur pour les chemins de fer, déposera le brevet de son invention en 1838.Ce modèle de ferme sera enfin primé à l’exposition de 1839.
Les façades du bâtiment, construites en moellons calcaire appareillés, présentent une composition identique, par paire (façades est et ouest, façades sud et nord). Représentatives des compositions de l’architecture néo-classique, les façades sud et nord offrent des frontons triangulaires, aux cadres moulurés. Le cadre mouluré de chaque fronton est formé d'une corniche et de deux rampants. Ces rampants présentent la même moulure que la corniche, sans couronnement. Le tympan présente un rapport de proportion idéal entre sa hauteur et sa plus grande largeur. Ce rapport est à peu près d’1/5. Le tympan du fronton de la façade sud est ici orné d’une inscription (château d’eau), de feuilles de palmiers et du blason de la ville d’Agen.
Dans les années 1950, un étage a été construit dans le volume du rez-de-chaussée pour accueillir des pupitres de commande et un poste de transformateurs électriques. A cette occasion, la toiture a été démolie pour être remplacée par une voute en béton, dont les poutres prenaient appui sur les murs en pierre d’origine. Une passerelle a été lancée pour assurer la liaison entre ancienne usine et nouvelles extensions. Sur la façade ouest, un volume en maçonnerie de béton a été rajoutée pour abriter les transformateurs.
Le parti architectural, retenu par les maîtres d’œuvre en 2016, pour le recyclage de l’usine en café-vélo a consisté à supprimer ces adjonctions en volume et extension ainsi que la passerelle pour retrouver la lecture du volume initial. Seul un volume circulaire construit en béton et revêtu d’un appareillage de briques a été conservé au nord.
Dans cet espace recomposé, le rez-de -chaussée (situé au niveau de la rue du Duc d’Orléans) accueille la salle de restauration avec son bar, la cuisine, des chambres d’étape, des locaux sanitaires ( toilettes, douches et laverie).Au sous-sol, en lien direct avec le terrain naturel, une ouverture ménagée dans le talus permet un accès direct depuis la piste cyclable, circulant en bord de Garonne. Ce niveau accueille un espace de location de vélos, un atelier de réparation et d’entretien, ainsi qu’un espace de stockage pour les cycles.
La toiture à deux pentes est couverte d’ardoises, à l’instar des toits de l’usine de 1875 ; une verrière en aluminium draine la lumière dans l’espace restauration jusqu’au niveau atelier. De nouvelles fermes métalliques ont été installées pour remplacer les anciennes fermes de type Polonceau, qui n’avaient pu être conservées. Les murs en pierre des façades existantes sont restaurés pour retrouver leur aspect initial.
La façade ouest, suite à la démolition des transformateurs, a quant à elle, été entièrement reconstruite. Sa modénature reprend celle de la façade est. L’ensemble des menuiseries extérieures sont en métal laqué gris anthracite. Affirmant leur contemporanéité, les murs de soutènement des talus créées pour la galerie du niveau inférieur sont en béton brut.
Pour l’ambiance intérieure, le choix des matériaux fait référence à l’architecture industrielle : rambardes de la coursive composées de joues pleines en métal, et habillage également en écailles métalliques des volumes dédiées aux sanitaires et à l’hébergement sur lesquelles des rerésentations en coupe de l'usine de pompage ont été dessinés.