Agen (47000)
438 Avenue Michel Serres
Borel Frédéric Cayre Michel
Université Michel Serres
1997 (1ere tranche)
Depuis 2000
3 800 m2
4.5 millions d’euros
Sélection 2003 du Prix Grand Public de l’architecture - Ministère de la culture
En périphérie d’Agen le bâtiment de la faculté des sciences, suspendu sur une forêt de poteaux, inscrit sa silhouette monolithe, dans un secteur en plein développement où se côtoient des constructions hétérogènes. Présent et absent, ce volume, revêtu d’une fresque aux reflets changeants, se confond avec le ciel et les collines environnantes. A ses côtés, un jardin aux murs d’enceinte en forme de vagues et le petit édifice de l’institut du développement local composent le nouveau paysage en devenir du campus universitaire d’Agen.
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En avril 1997, Frédéric Borel et Michel Cayre remportent le concours lancé pour la réalisation d’un des points forts du futur campus agenais : le bâtiment de la faculté des sciences. Ce campus est implanté à l’emplacement d’anciens champs de cressonnières, dans un contexte péri-urbain banal et hétéroclite, composé de pavillons individuels, de la nouvelle clinique, d’une piscine municipale et de quelques bâtiments tertiaires.
A l’entrée du site du projet, le sol de la parcelle a fait d’objet d’un remodelage en bandes parallèles, comme des sillons. Les deux constructions jumelles, parallélépipèdes légèrement décalés, s’implantent entre ces lignes créant une composition dynamique de plans qui coulissent, renforcée par un jeu de poteaux, amples pour le premier bloc et haute et resserrés pour le second.
La façade principale du premier bâtiment, orientée à l’ouest, montre un volume monolithique en béton soutenu par une galerie de poteaux, dessinant des V. Le rez-de-chaussée vitré de ce bâtiment est accessible par une entrée en forme de cylindre elliptique donnant sur le hall. Le verre sérigraphié de l’enveloppe extérieure recouvre à ce niveau uniformément les percements, leurs meneaux et leurs allèges.Le volume supérieur se signale par deux éléments. Ainsi, un logo géant représentant l’univers galactique avec ses comètes et astres, annonce la vocation scientifique du bâtiment d’enseignement. De plus, une vaste fresque aux teintes gris-bleuté, percée de bandeaux filants de baies, de hauteur variable, compose l’enveloppe de ce niveau supérieur.
« Ce dessin, écrit l’architecte et chercheur Richard Scoffier, permet, à certaines heures du jour, l’absorption complète du bâtiment par son site, à d’autres, au contraire, créant d’improbables profondeurs, il se donne comme un événement faisant imploser en une multiplicité d’éclats la masse monolithique. »
Les murs en béton de ce premier monolithe, scandés d’ouvertures vitrées et texturés par des bandes métalliques au reflet mat, se libèrent ainsi de tout rapport d’échelle à l’environnement. La puissance de cette masse en lévitation est ainsi pondérée par ce traitement subtil des façades et ce bâtiment semble ainsi osciller entre apparition et disparation.
A l’intérieur, un vaste atrium distribue sur deux niveaux ceints par une double coursive, des salles de classe et les laboratoires.Pour réduire les effets d’un éclairage zénithal trop puissant, le volume du toit en V, en tôle d’aluminium, répartit harmonieusement les apports de lumière naturelle, en même temps qu’il camoufle les gaines et extracteurs de la ventilation mécanique.
Le second bâtiment, situé à l’arrière et au nord, accueille, quant à lui, d’autres salles de cours et une bibliothèque, sur trois niveaux ; pour ses façades, le rythme des poteaux porteurs, qui sont en métal, se fait plus rapproché.
Aux côtés de ces deux bâtiments jumeaux, un petit édifice d’apparence abstraite, marque l’entrée sur le campus universitaire. Les pans obliques qui s’enchevêtrent pour composer son enveloppe externe, tel du papier froissé, dissimulent pourtant une organisation des bureaux selon un plan orthogonal. « Jeté comme un papier chiffonné devant le monolithe de l’université d’Agen, cet objet développe une poétique de l’inerte, évoquant aussi bien les lignes étrangement cubistes de l’avion furtif B-2 Spirit, que les ectoplasmes d’Yves Tanguy ou les vaisseaux spatiaux déglingués de Lebbeus Woods ». (Richard Scoffier, Frédéric Borel, éditions Norma, 2004). Avec ce projet, Frédéric Borel, qui a pratiqué quotidiennement le dessin automatique comme Vassily Kandinsky ou Frank Gehry, semble avoir recherché des formes matricielles pour en concevoir d’autres, sans aucune signification. Ce projet témoigne, dans l’acte de création architecturale, de ce passage de l’informe à la forme. Par sa présence sculpturale et formelle, et malgré sa petite échelle, il démontre sa capacité, à révéler le caractère onirique de son site d’implantation.